Chapitre 9

1617 0 0

Dans le nid des plaisirs, les chants des principautés et la transe lascive des élohim enivrés par le jus de grenade avaient laissé place à un état de siège. Sous une lumière blanche clinique, trente mille enfants d'EL, des vertus en majorité, débattaient ardemment autour des cristaux. Connectés au réseau EL, els suivaient les mouvements des élohim libérés de leur confinement là-dehors, dans les rues et les avenues du vaisseau-monde. Els volaient partout, comme l'avait ordonné Michaël, pour les ralentir, leur empêcher de manipuler l'écoulement du temps. Et pourtant, au loin, des explosions résonnaient encore, faisant vibrer le tissu de la Création jusqu'au nid. Les "démons du temps", baptisés ainsi par Nana, n'avaient pas fini leur massacre. 

Ils sont là pour moi... 

— Michaël ? appela Nana. 

Pendant ce temps, un contingent de chérubins s'était positionné au bord la faille multidimensionnelle ouverte sur la coque du Domitia, qui exposait dangereusement ses passagers à un cosmos infini, et à la gravité incalculable du Pilier du Jugement. Les chérubins, sous leurs formes apocalyptiques puissantes et bestiales, empêchaient les curieux de s'approcher par leur large stature. De leurs yeux si nombreux, els étudiaient la faille, cherchant sa cause et une solution. Rapidement après l'attaque des "démons du temps", un essaim d'ophanim survoltés avait débarqué pour colmater la structure du Domitia, qui se refermait lentement mais sûrement. Michaël regarda leur labeur, ses grands yeux gris remplis d'effroi. 

— Michaël ? appela encore Nana, d'un ton agacé. 

Le jeune prince baissa les yeux vers la mer des vertus, soldats de Hod. La plupart étaient blessés et se soignaient les uns les autres sans abandonner leurs débats. 

— Michaël ! appela cette fois Sasha. 

Immédiatement, le jeune prince enveloppa la principauté de son attention, fasciné par sa beauté rayonnante. Sasha sourit et Michaël oublia tout. 

— On a besoin de toi, petit génie, ria la principauté.

— Je ne suis pas un génie, murmura Michaël. 

— Tu es un fichu Fitzarch ! s'exclama Sasha. Ça doit bien valoir quelque chose. Aller ! Tu avais plein d'entrain tout à l'heure ! Reprends-toi !

C'est pas parce qu'on a couché ensemble que tu peux me parler comme ça, râla intérieurement Michaël, sans trouver la force de le dire à voix haute. La jeune vertu prit une grande respiration et invoqua la flamme qui couvait dans sa poitrine pour éveiller son esprit. Via le réseau EL, el replongea sur la carte stratégique qu'el avait obtenue du vaisseau. Dessus, el put voir l'emplacement de chaque éloha présent dans le Domitia. Seuls la station de pilotage et le cœur des navigateurs étaient noirs, coupés du réseau. Il fallait y aller, découvrir ce qu'il s'y passait. Mais le Domitia n'était pas prêt. Le vaisseau vibrait, le massacre continuait.

— Nous devons monter deux expéditions pour atteindre la station et le cœur et les libérer du mal, déclara Elvirel, vertu du Domitia.

Ce haut secrétaire de la capitainerie s'était trouvé à proximité du nid des plaisirs lors de l'attaque. El avait rapidement rejoint Michaël dans ses efforts combattants. Avec une douzaine d'autres vertus émérites, el essayait d'établir une stratégie de combat. 

— Il est probable que les pilotes, la capitainerie et les navigateurs ont été neutralisés par les assaillants, continua Elvirel. Je crains franchement le pire.

— Nous ne pouvons attaquer ces deux bastions sans mettre le peupl'aile en sécurité avant, dit alors Sasha, qui se trouvait aussi autour de la table stratégique. C'est encore la guerre là-dehors, et j'y ait envoyé mes ouailles pour pousser les élohim à bouger. Nana a dit que l'agitation empêcherait les démons de nuire, mais il semble que cela ne suffise pas. Mes enfants sont en danger.

Nana envoyant un regard meurtrier à Sasha avant de déclarer :

— Les démons du temps ne sont pas si facilement vaincus, c'est certain. Ce sont des fichus démons qui manipulent l'espace et le temps quand même hein, on n'est pas sur la typique chose débile pleine de crocs et de bave qu'on combat d'habitude.

— Nous devons les éliminer avant d'aller là-haut, insista Sasha. 

— Le Domitia est très vaste, dit Elvirel. Nous sommes peut-être des millions, mais cela ne suffira pas à provoquer une agitation suffisante. Et puis le problème est aussi qu'ils sont impossibles à détecter. Els surgissent de littéralement nulle part !

— C'est pour cela qu'on doit se battre avant d'aller sauver des nobl'ailes !

— On se bat déjà ! pesta une autre vertu.

Les puissances du Domitia n'avaient en effet pas attendu l'ordre d'un nobl'aile de la capitainerie ou d'un Fitzarch pour défendre leurs frères élohim. Dans leurs grosses armures de métal, de leurs épées ardentes et blasters luminiques, els explosaient la moindre trace de ténèbres qu'els voyaient surgir d'entre les fils de la Création. Dans le réseau EL, els avaient reçu le message de Nana, son explication sur la nature de ces démons. Els faisaient de leur mieux pour les trouver, résistant mentalement et physiquement à la dilatation du temps pour ne pas tomber dans le piège. L'agitation aidait.

— Des civils sont en danger ! Mes enfants, et ceux de Hod ! Et les troupes du Domitia aussi ! s'emportait encore Sasha, tout tremblant malgré le scintillement sublime de son halo. 

— Pas la peine d'utiliser tes charmes sur nous, dit Elvirel, sans hostilité, l'air navré. 

— Le concept de "civil" ne s'applique qu'aux azohim et aux enfants, dit une autre vertu. Tous les élohim sont combattants, c'est ainsi !

— La mission du Domitia est de transporter et protéger ses passagers ! dit Sasha. Si nous prenons les puissances pour mener deux expéditions, nous livrerons le reste des élohim aux démons !

— Nous n'aurons pas besoin de prendre toutes les puissances. La majorité restera en bas. 

— Ah ! dit soudain Nana. La chose qui nous attaque là a réussi à neutraliser à la fois les nobl'ailes de la capitainerie et les énormes chérubins-navigateurs de votre vaisseau. Le gratin quoi. Des gens très puissants ! Quoi que ces démons soient, els sont redoutables. 

— El a raison, murmura alors Michaël. 

Les autres élohim ne l'entendirent pas et leurs discussions continuèrent. Beaucoup de mots échangés, mais aucune décision prise. Michaël eut un étrange sentiment de déjà-vu. El leva les yeux et clama :

— Nana a raison !

Les vertus autour de la table sursautèrent et se turent. 

— Les démons que nous affrontons sont redoutables, dit Michaël, énigmatique. Je sais que leur action est centralisée, organisée. Nous devons mobiliser nos forces pour reprendre la capitainerie et le cœurs de navigation au plus vite. 

Elvirel, un peu surprit, acquiesça. Sasha serra ses lèvres, l'air révolté. 

— Que proposes-tu, Fitzarch ? demanda-t-el. Tu vas occire les démons toi-même ?

— Oui, répondit simplement Michaël, le regard brillant d'un éclat froid mais perçant. 

Le jeune prince entrevit Nana à sa droite se crisper, réprimer une grimace. 

— Je suis une vertu-militante, continua Michaël. Je soutiendrai les puissances qui nous mèneront à la capitainerie puis au cœur. Et j'affronterai le Malin moi-même s'il le faut. Raph… Le prince de Hod m'a enseigné la stratégie militaire, la tactique, mais aussi le combat. Je suis un Fitzarch, ma lumière terrassera les démons avant même que nos puissances ne les touchent. Là est la bénédiction d'EL sur les nobl'ailes tels que moi. Autant que cela serve à quelque chose. 

Les vertus (sauf Nana) approuvèrent fortement, applaudissant presque. Mais Sasha ne fut pas convaincu.

— Et quelle est donc votre stratégie, génie Fitzarch ?

— Je propose la stratégie de la guerre éclair. Telle qu'appliquée par Sandalphon durant les batailles d'Optio et d'Agarra, lors de la première titanomachie. 

Les vertus échangèrent des regards, leurs halos de métal rendus scintillants par l'intensité de leurs pensées. 

— Sandalphon devait affronter la première horde Léviathan, qui était aussi la première des hordes dites titanesques, expliqua Michaël. Les démons ont alors pour la première fois usé de la stratégie de la guerre éclair. Pour leur répondre, Sandalphon a fait de même. Horde de ténèbres contre une horde de lumière. 

— Je vois bien, approuva Elvirel. Mais notre situation ne me semble pas semblable à celle d'Optio ou d'Agarra. 

— Sandalphon avait une cible précise, comme nous, dit Michaël. 

— Vraiment ? firent plusieurs vertus. 

— El visait des complexes anciens, sur chacune de ces deux planètes.

— Ah bon ? fit Elvirel. Je crois que… oui sans doute…

— Des lieux importants sans doute, dit Michaël. Puisque notre cher Primogène a usé de toutes ses ressources pour les sauver. Et par là, je veux dire qu'el a précipité toute la population de ces planètes contre la horde. 

— Jusqu'où êtes-vous prêt à aller, Michaël ? demanda Elvirel, le regard soudain hanté. 

Michaël sourit et dans le réseau, approcha son esprit de la carte stratégique pour déclarer : 

— Commençons. 



— Ne fais pas ça, dit Nana, la voix soudain grave et faible, presque réduite au murmure.

Dans le boudoir de velours vert, Michaël finit d'attacher ses jambières. El se redressa et s'étira, retrouvant la sensation satisfaisante du port de l'armure des vertus, légère mais solide et même confortable. Les frissons électriques passèrent dans les membres du jeune prince. Ses muscles se raidirent. Le combat approchait. 

— Michaël ? Tu m'écoutes ? Nous devons partir !

— Partir où ? 

— Nous allons passer par le Reflet pour quitter le vaisseau et en rejoindre un autre. Il s'avère que Vélinel a prévu ce genre d'incident. Nous avons un plan B. Viens avec moi !

— Non.

— Non ?

— Non, je ne fuirai pas. 

— Ce n'est pas une proposition Michaël ! C'est un ordre ! Un ordre de Géhénna de Guebourah !

— Je n'obéirai pas à cet ordre. 

Michaël sortit du boudoir, bousculant Nana au passage alors que ce dernier tentait de l'arrêter. Le jeune prince descendit dans les couloirs feutrés de la maison des plaisirs pour rejoindre la salle principale. 

— As-tu perdu la raison ?! s'énerva Nana. Pourquoi tiens-tu tant à sauver ce maudit vaisseau ?

Michaël s'arrêta, se retourna.

— Parce que les démons du temps sont là pour moi, dit doucement le jeune prince. Burrhus les a envoyé. Je le sens. 

— Et ? C'est bien pour ça qu'on doit partir !

— Des élohim braves et innocents, des civils et des soldats, sont morts à cause de ma présence ici. Et bien d'autres vont mourir dans les prochaines heures. 

— Tu ne leur doit rien ! Si quelqu'un est coupable c'est Burrhus !

— Je ne peux pas abandonner ces élohim à leur sort !

— Quel sort ?! ria nerveusement Nana. Les démons sont après toi. Si nous partons, ils partiront aussi !

— Ce n'est pas le genre de choses que les démons font Nana ! déplora Michaël. Le Domitia est sans capitaine, sans navigateurs ! Si on ne fait rien le vaisseau va s'écraser dans le Pilier du Jugement ! Je me dois d'user de mes dons pour les sauver !

— Pense à Guebourah ! Pense à ce que mon royaume attend de toi ! dit Nana. Tu sacrifies des millions ici, mais tu sauvera des milliards là-bas. 

Michaël secoua la tête et se détourna de son compère pour reprendre son chemin. 

— Tu peux fuir si tu veux, dit el. Moi je reste. 

— Je dois rester avec toi ! pesta Nana. 

— Vas-tu abandonner la mission que je t'ai confiée ?

Nana resta silencieux un instant, les yeux fermés alors qu'el suivait le Fitzarch. 

— Je n'ai pas le choix, finit-el par dire, la voix rayée. 

Michaël se retourna de nouveau mais cette fois, el s'agenouilla devant Nana pour ajuster les jambières de son compère, mal attachées. Puis le Fitzarch prit l'espion par le bras dans un geste tendre, presque protecteur, pour le mener vers la salle principale du nid des plaisirs. Dans le réseau EL, des milliers de halos entouraient la table stratégique, fixes, suspendus aux évènements diffusés là. Michaël et les élohim observèrent la structure de l'énorme Domitia, telle que contemplée en ce moment même par des centaines de milliers d'ophanim tout autour. A la droite du vaisseau-monde, les éclaireurs avaient repéré une autre structure noire, bien plus petite, qui ondoyait entre l'espace et le temps au niveau de la brèche dans la coque du Domitia. Grâce à leur fameuse clairvoyance, et aux conseils de Nana, les ophanim l'avaient repéré. L'objet était une coque creuse et ressemblait beaucoup à un vaisseau. En voyant cette chose mystérieuse, les vertus avaient intensément débattu :

— Cela ne peut être un vaisseau. Les démons n'utilisent pas de telles structures. 

— Ces démons ne sont pas comme les autres, ils possèdent le Malin. 

— Le Malin… Ce concept n'a jamais été réellement observé.

— Nous venons de l'observer ! Ici ! Juste sous nos yeux !

— Les comportements des démons peuvent nous paraitre complexes, mais cela ne signifie pas forcément la présence d'une intelligence active. Ils suivent un instinct, l'instinct de destruction. 

Ce ne sont pas des démons, pensa soudain Michaël. 

Le Fitzarch ne dit rien. El écouta ces discussions un moment, tout en observant la progression des troupes de puissances et de vertus, dirigées par Elvirel. Ces milliers d'élohim étaient en chemin vers cette structure étrange, pour sécuriser la coque du Domitia, avant de se lancer vers la station de pilotage et le cœur de navigation. 

Leurs corps étaient ceux d'élohim, pensa Michaël. Ils étaient couverts d'yeux et de plumes, comme des chérubins. Els avaient des ailes, des visages… Mais ils étaient sombres, gorgés de ténèbres. 

Ces choses que Michaël avait vues, et même combattues, étaient probablement des troupes de meurtriers au service de Burrhus. El aussi était sombre et corrompu. Jusqu'où l'évêque était-el allé pour servir ses étranges intérêts, ses prophéties impies ?

— Approche en cours ! On y est ! annonça Elvirel dans le réseau EL. 

Comme Michaël s'y attendait, la vertu du Domitia poussa un cri éberlué. 

— C'est un vaisseau élohien !

Michaël baissa la tête, luttant pour garder une expression imperturbable. 

Une corruption est parmi nous. Elohim contre élohim...

Des paroles de Raphael, résonnèrent alors dans ses souvenirs. 

— Des méchants parmi nous ? Oh Michaël, pourquoi le Porteur de Lumière a fondé l'Inquisition selon toi ? 

— Il y a des élohim méchants donc ?

— Oh oui ! Les ténèbres peuvent pervertir nos esprits, nous pousser dans le désespoir, et donc dans des actions extrêmes et impies. 

— Des actions impies ?

— Des bêtises quoi, avait expliqué Raphael à Michaël, qui n'était alors qu'un enfant. Des disputes, des bagarres, des sabotages...

...de la torture, des meurtres, des destructions planétaires...

Michaël sentit des compartiments de son esprit s'ouvrir, des salles nouvelles dans son palais mental s'étendre. La voix de Burrhus résonna en el, électrisant son corps dans l'effroi. Michaël se tint l'estomac, alors qu'Elvirel envoyait ses troupes d'élites à l'intérieur du vaisseau mystérieux. Après quelques minutes, le verdict tomba.

— Vide, ce vaisseau est vide, dit Elvirel.

— Es-tu sûr ? demandèrent les vertus.

— Les ophanim ne détectent rien ni personne. 

— Ces démons se cachent dans l'espace temps ! insistèrent les vertus.

— Je sais ! pesta Elvirel. Nous en avons rencontré quelques uns dans le Domitia ! Mais ici rien. 

— Ils ne sont pas détectables, dit soudain Nana. Ceux que vous avez rencontrés se sont simplement laissés voir. 

Les vertus lancèrent des regards perçants vers Nana, qui malgré leurs questions pressantes, ne dit rien de plus. Peu importa, car au bout de quelques minutes, Elvirel sonna les trompettes de la victoire. Le vaisseau était vide et neutralisé. Une clameur triomphante parcourut alors la foule. Michaël vit Sasha pousser un cri de délivrance. Mais l'esprit affuté des vertus ne laissa pas longtemps place aux réjouissances. 

— Comment les démons ont ils pu venir dans un vaisseau élohien ?

— Sans doute ont ils dévoré ses passagers avant de s'en emparer.

— Ce ne serait pas la première fois qu'une telle chose arriverait ! Lors des titanomachies, les grandes hordes ont souvent utilisé les débris de vaisseaux détruits comme projectiles contre nos troupes figurez-vous.

— On peut considérer que la coque est sécurisée ? demanda Michaël.

— Les ophanim n'ont pas détecté d'autres objets de ce type, dit une des vertus autour de la table. 

— Il n'y en a pas d'autres, dit alors Nana. Ils n'ont pas eu le temps d'en mobiliser beaucoup. 

Michaël se tourna vers la vertu de Géhenna et sourit :

— C'est grâce à toi qu'on a pu comprendre ce qu'il se passait. 

— C'est pas terminé, répondit Nana sèchement, la mine fermée. Vous n'avez détruit que leur vaisseau. Els sont encore partout dans le Domitia. 

— Nos ophanim vont les trouver, dit Sasha. Ils finiront bien par tous se montrer. 

Nana secoua la tête, agacé, mais de nouveau, tint sa langue.  

— Votre altesse céleste, dit une des vertus autour de la table. Nous pouvons nous lancer vers la capitainerie à présent. Les chérubins et les ophanim se tiendront avec un quart de nos puissances sur les pourtours du vaisseau. Le reste de la population pourra être lancé vers la station en "guerre éclair". 

Nana poussa un râle désapprobateur, presque dégouté.

— Un quart ? Cela suffira-t-il ? demanda Michaël en ignorant son compère. 

— Nous le pensons tous, votre altesse. 

— Bien. Préparons le départ de l'assaut alors, décida Michaël. Sasha ? Tu sais ce que tu as à faire ?

— Oui, dit la principauté. Je ne suis pas une principauté militante, et mes ouailles ne le sont pas non plus. Mais nous ferons de notre mieux pour guider nos passagers vers la station. Ce sera… comme la procession d'un carnaval. De la joie, de la musique et de l'agitation. Et grâce à nous, les démons seront incapables de stopper le temps.  

— Sollicite les vertus, conseilla Michaël. Els sauront te proposer des formations.

Nana cacha soudain son visage et parti en courant. L'espion se trouva un coin isolé, entre deux divans de velours, et s'y allongea face contre terre en poussant des cris étouffés dans un oreiller. Michaël vint le rejoindre. 

— Tu ne te sens pas prêt pour ta mission spéciale ? demanda le Fitzarch en murmurant. 

— Ta stratégie est stupide. 

— Pourquoi ?

— En empêchant le temps de s'arrêter, les démons ne peuvent pas attaquer, mais tu ne peux pas les attaquer non plus. 

— Vraiment ? Elvirel a réussit à détruire leur vaisseau.

— Leur vaisseau n'était qu'une coquille vide !

— Les ophanim dégoteront ces... "démons"...grâce à tes indications.

Nana enfonça encore plus son visage dans son oreiller. 

— Nana ? souffla Michaël en se penchant sur son compère. Qu'est ce que tu veux dire ? Tu veux me persuader de partir encore ? Ou alors tu me caches quelque chose ?

El doit savoir que ces démons n'en sont pas, pensait alors Michaël. Une agence comme Géhenna doit le savoir...

— Tu as conscience que je ne suis pas Vilanel ? dit soudain Nana, dans son oreiller. 

— Euh, oui. Je sais que tu n'es pas Vilanel. Je sais que vous êtes deux personnes diff…

— Je n'ai pas ses pouvoirs ! Je peux entrer dans le Reflet mais je peux pas… agir dedans très efficacement, et y rester très longtemps. 

— Quelque chose me dit que si, Nana, sourit Michaël. Je pense que tu es capable de bien plus de choses que tu le prétend. 

Nana se redressa enfin, le visage halluciné, les sourcils froncés par l'offense. 

— Tu vas entrer dans le Reflet et m'indiquer le positionnement des démons, continua Michaël. Les ophanim les tireront de leur cachette et hop, on les trucidera. 

Michaël sortit alors l'akshoka, niché contre son cou dans un interstice de son armure, classiquement conçut pour contenir une boule de cristal. 

— Nous serons en contact grâce à cette chose, dit Michaël. C'est EL qui a fait en sorte que je l'aie là maintenant, pour sauver le Domitia. 

— Oh par EL, gémit Nana en replongeant son visage dans l'oreiller. 

— Aller ! Debout ! s'agaça Michaël. Quelle triste vertu tu fait ! Tu te décompose au moindre défi ! Comment as tu fini chez Géhenna avec cette attitude ?  

— Tais toi, siffla Nana. Tu ne sais rien, stupide Fitzarch. 

Michaël saisit Nana par le cou et le traîna dans un des boudoirs qui bordaient la salle principale du nid des plaisirs. Là, el trouva un large miroir.

— Prêt ? Aller. Trois, deux, un, c'est parti !

Michaël jeta Nana dans le Reflet. Puis el soupira, inspira et se précipita dehors, au combat. 

Please Login in order to comment!